Jean-Léon Le Prévost (1803 – 1874)

C’est en 1836, et en particulier au lancement des « Orphelins Apprentis »[1], que J.L. Le Prévost se lance, pour la première fois, dans la mission du service des pauvres. Et des pauvres les plus pauvres : les enfants-ouvriers. Dès lors, son orientation est prise. Ce n’est, pourtant, qu’en mars 1845, qu’avec Clément Myionnet et Maurice Maignen, sera fondée la « Confédération des Frères ou Religieux de Saint Vincent de Paul ». Leur vie commune ne tarda plus guère à commencer.

Après le repas de midi, écrit le Père André Flachot[2], tandis que M. Le Prévost visitait les pauvres, les deux autres frères, Clément Myionnet et Maurice Maignen, s’en allaient dans les quartiers industriels de Paris placer les enfants en apprentissage et les visiter dans leurs ateliers. C’est ainsi qu’ils s’initièrent peu à peu aux misères de la classe ouvrière et particulièrement du « jeune apprenti » dont la situation (sur le plan humain comme sur le plan moral) était alors telle qu’on ne peut l’imaginer aujourd’hui.

                  Maurice Maignen (futur fondateur avec Albert de Mun des « Cercles Catholiques d’Ouvriers ») a gardé toute sa vie une impression poignante de la découverte qu’il fit alors des souffrances intolérables de l’enfance ouvrière dans les ateliers. Et trente ans plus tard, dans les « Sauveurs du Peuple », il essaya d’y retracer le portrait de l’apprenti parisien, perverti par l’atelier, tel qu’il l’avait vu. Voici ce qu’il en dit : 

L’atelier est aujourd’hui pour l’homme adulte un abîme infâme où les plus forts viennent perdre leur honnêteté, leur énergie, leur intelligence, leur honneur. Jugez par là ce qu’y peut devenir un enfant (…). A l’atelier, l’idée même de l’enfance est perdue. Son âme, son innocence y sont encore plus maltraitées que son corps. Il pousse, il grandit, il se développe dans cette atmosphère. C’est l’école du vice brutal, de l’impiété sauvage, de l’immoralité abrutissante. 

Et c’est pourtant à cette œuvre de salut que les « Frères et Religieux de Saint Vincent de Paul » allaient s’attacher, se démultiplier à souhait pour s’adapter à la variété des problèmes et des cas. Sans rien abandonner pourtant de l’unité de leurs intentions initiales[3].


[1]Devenus, et plus connus aujourd’hui, sous le titre d’ « Orphelins d’Auteuil ».

[2]Cf. « La Salette du Haut Vaugirard ». Mars-Avril-Mai 1985, numéro 2, p. 14.

[3]Dès 1844, M. Le Prévost avait déjà fondé, sur la paroisse Saint Sulpice, l’Association de la « Sainte Famille », association où les pauvres se réunissaient en des séances périodiques pour sortir de leur isolement, se mieux connaître. 

  • Mais ce n’est qu’en 1845 que la nouvelle « Congrégation des Frères ou Religieux de Saint Vincent de Paul » fonde, rue du Regard, le « Patronage des Apprentis ».
  • En 1846, fondation de la « Caisse des Loyers », pour aider et encourager à l’épargne et à la bonne conduite les pauvres que l’époque du terme jetait tous les trois mois au bord de l’abîme.
  • En 1847, fondation d’un « Asile de Vieillards ».
  • En 1848, fondation d’un « Patronage » à Grenelle.
  • En 1851, fondation de l’ « Orphelinat de la rue de l’Arbalète » tant la terrible épidémie de choléra a fait tragiquement augmenter le nombre des orphelins.

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