Ce célèbre avocat catholique et légitimiste fût le défenseur des ouvriers. Le 25 août 1845, à la barre du tribunal correctionnel de la Seine, il eut à défendre les « Compagnons Charpentiers », poursuivis pour « délit de coalition et atteintes à la liberté du travail », en vertu des articles 415 et 416 du Code Pénal. En 1833, Maîtres et Compagnons avaient fixé d’un commun accord à quatre francs le prix de la journée. En 1845, les ouvriers demandèrent cinq francs. La Chambre Syndicale des Maîtres Charpentiers refusa. Le travail cessa le 9 juin.
Pourtant, sur 300 patrons, 230 avaient trouvé fondée la réclamation de leurs ouvriers et accordèrent « les cent sous ». Dès lors les autres chantiers furent boycottés. Le délit de coalition était donc patent et la condamnation automatique. Mais Berryer intervint et réclama avec force le droit pour les ouvriers de se réunir pour défendre leurs intérêts les plus essentiels, face à un patronat que la loi napoléonienne avait autorisé à s’unir en Chambre Syndicale.
Intervention analogue de Berryer, en 1862, en faveur des ouvriers imprimeurs de la Seine, soulignant ainsi les conséquences normales d’un libéralisme économique écraseur de la classe ouvrière.
Pour être bien défendus les ouvriers recouraient à un avocat qui, avec le plus grand talent, incarnait pourtant les anciennes et vénérables conceptions de l’ex-France chrétienne et monarchique.